Alors que le droit au logement est inscrit dans la loi, il est loin d’être effectif et la situation a empiré ces dernières années en France. Grenoble et son agglomération n’échappent pas à la tendance nationale. Sous l’effet de l’inflation et de la modération salariale, de plus en plus de ménages peinent à couvrir les dépenses de logement, d’autant que le coût du chauffage reste élevé.

De plus, la politique de taux élevés de la banque centrale au nom de la lutte contre l’inflation, mais qui vise surtout à défendre les intérêts des créanciers, des capitalistes et des gros épargnants, a entraîné une forte contraction des mises en construction, renforçant la pénurie de logements. C’est une nouvelle preuve que la logique financière de marché ne permet pas de répondre aux besoins.

Ainsi, au 31 décembre 2024, 8400 demandes de logements social sont en attente sur Grenoble et 18 000 sur la métropole. Bien que moins élevé que dans beaucoup de métropole, le coût de l’immobilier rend l’accession à la propriété impossible à un part de plus en plus importante de la population.

Notons que cette situation de pénurie fait une poignée de gagnants puisqu’en France 3% des ménages détiennent 50% du parc locatif privé. Cette petite minorité a dû voir d’un bon œil l’augmentation de 7,1% de l’indice des loyers entre 2022 et 2024, qui participe à la difficulté des ménages.

Dans ce contexte, une politique ambitieuse pour garantir le droit à un logement de qualité et à un coût adapté pour toutes et tous ne peut être qu’une priorité de la municipalité.

Vers 30% de logements publics, non aux « ghettos de riches »

La loi SRU, créée par un ministre du logement communiste, impose que dans les villes en tension, 25% du parc soit du logement social. Avec 25,15 % fin 2024, et une augmentation ces dernières années, Grenoble a atteint ce seuil légal. Cela ne suffit pas à répondre aux besoins. Nous proposons l’objectif de 30% de logements sociaux et l’objectif de développer la mixité sociale dans les quartiers dont les habitants bénéficient des revenus les plus aisés. Alors que 70% de la population y est éligible, il conviendrait d’ailleurs de parler de logement public.

Construire 876 logements par an dont 450 sociaux. 70% des Grenoblois.es sont éligibles au logement social.

Grenoble étant une métropole « attractive » avec peu de foncier disponible, il s’agit d’un défi qui appelle des moyens et outils pour lutter face à la spéculation immobilière :

  • atteinte des objectifs du PLH métropolitain 2025-2030 voté en décembre : construction de 876 logements par an dont 450 sociaux (284 constructions neuves, 141 acquisitions-amélioration, et 25 conventionnements dans le parc privé) ;
  • poursuite des cessions à prix réduit du foncier municipal aux bailleurs pour des opérations 100% logement social, ou baux emphytéotiques ;
  • meilleure répartition géographique : interdiction pour les bailleurs de vendre leur parc dans les zones à moins de 25% de LLS, taux élevé imposé dans certaines ZAC.

La métropole, qui a la compétence du logement, doit mener une politique volontariste. Cela passe entre autre par la mobilisation du foncier via l’Établissement public de foncier local, organisme métropolitain, et le soutien d’ACTIS, office public historique de la ville transféré à la métropole dont les communistes ont défendu le maintien du statut public.

Maitriser l’envolée des prix et des loyers dans le parc privé

Pour permettre à toutes et tous de se loger, il faut également que le parc privé soit accessible, à l’achat et en location :

  • la ville de Grenoble expérimente depuis 2024 l’encadrement des loyers sur les zones les plus tendues : les loyers au-delà de 120% du loyer de référence sont interdits. Il s’agit de poursuivre et d’amplifier ce dispositif ;
  • accession à la propriété en Bail réel solidaire (BRS). La métropole s’est doté d’un Office foncier solidaire (OFS) qui reste propriétaire du foncier. Les acquéreurs n’ont plus à assumer le coût de la spéculation sur le foncier. Le PLH 2024-2025 prévoit 49 constructions en BRS par an ;
  • développer une politique de réquisition des logements vacants : 10000 logements sont vacants à Grenoble dont 2200 depuis plus de deux ans. Cette action doit se faire en coordination avec la réhabilitation des propriétés dégradées, le conventionnement social dans le parc privé et l’acquisition-amélioration par les bailleurs sociaux.

Améliorer la qualité du logement

Une grande partie du parc de logement grenoblois (30%) a été construit entre 1945 et 1970, c’est-à-dire à une époque où l’isolation thermique n’était pas une priorité. Il faut donc poursuivre l’accompagnement des rénovations thermiques dans le parc public, que ce soit dans le cadre d’opération de rénovation urbaine ou dans des opérations plus ponctuelles. La métropole via son dispositif Mur Mur mène une action importante de rénovation thermique du parc privé. La ville doit l’accompagner pour les propriétaires les plus modestes.

La ville commence l’expérimentation du permis de louer. Cela concerne quelques zones de la ville où des bâtiments dégradés sont identifiés. Le permis de louer doit permettre d’empêcher les marchands de sommeil de prospérer et de favoriser la réhabilitation de copropriétés dégradées. L’évaluation de ce dispositif pourra conduire à son extension.

Le logement : un enjeu de solidarité à l’échelle métropolitaine et nationale

La compétence du logement étant dévolue à la métropole, les élu.es communistes seront force de proposition pour que l’action métropolitaine soit résolue. En particulier, il s’agit de faire valoir les équilibres territoriaux, pour une répartition optimale du logement et des emplois et du parc social. C’est un enjeu aussi en terme d’attractivité ou de transports. 

Bien évidemment, nous revendiquons un cadre législatif qui permette à l’action publique d’être plus efficacement face à la spéculation et des moyens, notamment l’aide à la pierre pour le logement social.